Chèr(e) abonné(e), 

La fin du monde n’est pas encore pour demain, écrivait Tite Live dans son Histoire de Rome. Évidemment, c’est facile à dire, quand on est né avant Jésus-Christ.

Cette semaine qui vient de s’écouler, nous rapprochant encore de l’échéance, voici comment je l’ai vécue : 

1er octobre

Sur la place de l’Hôtel de Ville, non loin de la hideuse statue de Jacques Chaban-Delmas, on a plaqué sur les pavés la photographie prise en studio d’une femme qui saute en l’air. L’image est floue, de ce flou qui résulte d’une mise au point mal maîtrisée. Elle est plate, car l’éclairage tout aussi mal maîtrisé n’isole pas la femme du triste fond blanc. La bâche sur laquelle la photographie est — fort  mal— imprimée est trop grande pour que le regard puisse embrasser l’image dans sa globalité : ceci, qui s’ajoute à la mauvaise composition de l’image, fait que l’oeil cherche en vain une zone où se poser enfin. Il faut lire la légende pour comprendre de quoi il retourne : une femme guérie du cancer manifeste sa joie en sautant en l’air, probablement à la demande du photographe. Je suis affligé par cette oeuvre dont le seul intérêt, qui n’en est d’ailleurs pas un, réside dans le fait qu’elle affirme maladroitement qu’on peut guérir du cancer. Et encore ne le sait-on qu’en lisant la légende, comme ces oeuvres contemporaines qu’on moque car il faut un mode d’emploi plus complexe que l’oeuvre elle-même pour les comprendre. On imagine le photographe démarcher les services municipaux, présenter son projet dans un petit bureau à un préposé déjà tout acquis à sa cause — guérir le cancer, c’est formidable ! — qui lui donnera le feu vert pour appliquer ses bâches grossières, gondolées, sur les pavés d’une place sur laquelle se dresse la cathédrale séculaire qui abrita les épousailles d’Aliénor d’Aquitaine avec un roi de France. Dès lors, la qualité de son oeuvre importe peu. Il aurait pu tout aussi bien prendre, dans son studio à fond blanc, de mauvaises photographies d’enfants sauvés par une greffe d’organe, ou ayant survécu à l’explosion d’une mine anti-personnelle — encore que dans ce dernier cas, le membre manquant aurait rendu la photographie suffisamment parlante pour se passer d’une légende. Je n’en puis plus de cette carte magique que chacun peut abattre quel que soit son talent ou son propos, ce joker justifiant toutes les compromissions artistiques, qui permet à n’importe qui d’imposer au regard de ses contemporains des oeuvres vues des centaines, des milliers de fois, et pourtant toujours sans le moindre intérêt : la bonne cause. 

J’ai la désagréable surprise de constater que les toilettes du café ou j’arrive tant bien que mal, en me dandinant sous l’effet d’une envie pressante, sont condamnées. J’en ressors donc un peu avant l’heure habituelle, car je projette d’assouvir chez le psychiatre ce besoin que l’espresso que j’ai tout de même pris le temps de consommer a rendu plus impérieux encore. 

Je presse le bouton de l’interphone du psychiatre. Pas de réponse. Je ne sais que faire. C’est la première fois que cela arrive. J’ai trois minutes d’avance : veut-il me signifier que je dois attendre l’heure exacte du rendez-vous ? Mais alors, pourquoi y aurait-il une salle d’attente ? Pourquoi précisément aujourd’hui ? J’ai déjà sonné en avance, et il avait ouvert. Peut-être pas autant en avance, certes — mon envie pressante d’uriner. J’attends deux minutes, car une minute est déjà passée à ces réflexions, puis je sonne à nouveau. Cette fois, j’entends le bruit électrique caractéristique et je pousse la porte en me tortillant car j’ai toujours très envie. En aurai-je seulement le temps à présent que l’heure exacte du rendez-vous est arrivée ? Dans le cabinet, je n’en crois pas mes yeux : une feuille de papier scotchée sur la porte des toilettes indique qu’elles sont hors-service. Je suis désemparé, mais que puis-je faire à présent, sinon patienter dans la salle d’attente et faire preuve de courage ? Le psychiatre est en retard de plusieurs minutes, pour la première fois depuis le début de notre relation. Il se passe quelque chose. Est-ce lié au temps qu’il a mis à ouvrir la porte ? À une tentative de suicide du patient qui me précède ? Mais non ; je n’ai entendu sortir personne depuis mon arrivée. Tout ceci ne me dit rien qui vaille ; c’est donc avec avec une grande méfiance que je lui parle des sujets que j’ai prévu d’évoquer aujourd’hui. Il m’interrompt à plusieurs reprises, mais je n’entends rien de ce qu’il me dit. Je le fais répéter une fois, deux fois, souvent pour lui dire en définitive : Je ne comprends pas votre question. Il me semble qu’il finit par en être irrité, car il ne se répète plus lorsque je lui dis : Je n’ai pas entendu. S’ensuit un silence durant lequel j’en suis réduit à deviner ce qu’il a bien pu dire ; alors je me lance, mais il me reprend : ce n’était pas cela. Il doit me prendre pour un malentendant ou un attardé mais qu’importe, je sais bien la vérité : il n’a pas une bonne élocution, un point c’est tout. Notre conversation se poursuit tant bien que mal sur les thèmes de l’exode et du renoncement. Je lui dis : Mais Docteur je sais bien que je n’étais pas né ; n’en demeure pas moins qu’on m’a privé de quelque chose ; la perte d’une chance comme on dit en droit civil. Il me répond quelque chose que je n’entends pas. Lorsque qu’il me raccompagne à la sortie je vois que la porte de la salle d’attente est ouverte : la personne qui est à l’intérieur ne l’a pas refermée derrière lui. Je n’ose pas lui demander si il va lui en faire la remarque, comme il me l’avait faite à moi : Il faut fermer la porte de la salle d’attente. Je ne veux pas, en effet, gâter encore plus nos relations. Dans la rue cependant, je me prends à espérer que le psychiatre est en train de passer un savon à l’indélicat, au nom d’une égalité de traitement entre patients qui peut-être n’a pas cours. 

Je peux enfin me soulager dans les toilettes malpropres d’une brasserie. Puis, tour habituel à la librairie sur le chemin du retour. J’achète une nouvelle édition des Lettres à Lucilius, de Sénèque, car j’ai oublié mon exemplaire dans la forêt. Je note ceci : comme s’il ne suffisait plus des horribles bandeaux publicitaires amovibles préparés par les éditeurs, on trouve maintenant sur les couvertures des livres un nom célèbre, appartenant à la même maison que l’auteur moins renommé, introduisant ce dernier — une prostitution patronymique en quelque sorte, fruit probable des exigences mercatiques de leur éditeur commun. Ainsi, par exemple, dans la collection Ermites de notre temps, on aurait : Sylvain Tesson présente : Francis — Saisons en forêt. Ou bien encore, dans la collections Ego et platitudes : Christine Angot présente : Francis — Viol d’automne. Ces quelques mots que l’on peut lire sans même faire l’effort de se saisir du livre et d’en tourner les premières pages : une préface pour fainéants pressés, réduite à la portion congrue, et donc compatible avec ce siècle.

L’après midi : réflexion sur mon avenir artistique, gâchée par deux courriels administratifs visant à s’assurer que j’ai bien reçu leurs homologues papier, dont la simple vue de l’enveloppe m’avait terrorisé au point que je ne les avais même pas ouverts. Comment m’y prendre pour faire croire à ma mort, et ne plus jamais recevoir de courrier ? Ou alors en poste restante, pour n’aller les chercher que les jours de grand courage ? Mais l’administration refuse ce procédé. 

1978 : Indépendance des Tuvalu, qui demeure cependant un Royaume du Commonwealth. Ce petit État, cette Nation, je la verrai peut-être disparaître pour peu que Jah me prête vie, puisqu’on prédit communément l’engloutissement de l’archipel sous les eaux dans les 80 ans à venir au plus tard. Assister à l’avènement d’une autre Atlantide, voici quelque chose que je n’aurais pas cru possible durant mon insouciante jeunesse. 

J’ai fait à ce propos l’observation que ce sont les mêmes qui concèdent : « Oui, c’est vrai, c’est démoralisant, nettement de pire en pire, très dommage, passablement regrettable, mais c’est trop tard, c’est déjà fait, on ne peut pas retourner en arrière, on ne va pas désinventer l’atome, pour aller au troisième les gens prennent l’ascenseur, c’est comme ça maintenant on y peut rien », et qui ajoutent : « Ne faisons pas de catastrophisme » ; qui disent : « Rien de nouveau », « On connaît la chanson », « Depuis que le monde est monde », « Depuis que l’homme existe il transforme la nature c’est comme ça », que les spécialistes d’ailleurs trouvent excessifs ces affolements, qu’il y a des solutions scientifiques qu’on va trouver comme on a toujours fait, que ce n’est pas en arrêtant le progrès au contraire, qu’on inventera la machine à aller moins vite, etc. À quoi chaque fois j’ai la plus grande difficulté à ne pas leur signaler qu’ils se trompent sur ce point, que cette machine est à notre disposition, d’une fabrication très simple, et même écologiquement soutenable, à ne nécessiter que de la corde en combinaison d’une accroche en hauteur pour fonctionner avec l’énergie gratuite de la gravitation universelle, en sa forme ici de pesanteur terrestre* ».

* Baudouin de Bodinat — La vie sur terre ; réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes.

2 octobre

Les résultats de la course à pied de dimanche dernier sont désormais disponibles. J’en prends connaissance pour aussitôt m’effondrer : mon classement est étonnamment mauvais. Je ne m’attendais certes pas à une prouesse, mais tout de même, j’avais doublé quelques vieillards et une femme enceinte. Je clique frénétiquement les onglets qui permettent d’obtenir un classement filtré par sexe et catégorie d’âge. Je suis toujours mal classé. Soudain, je remarque que le chronométrage dont on m’a affublé est erroné : il marque quatre minutes de plus de ma montre. Je prends alors le parti de considérer que j’ai été la seule victime de cette injustice, et, soustrayant mentalement ces quatre minutes irrégulières, je détermine mon nouveau classement. Je suis toujours mal classé. J’ai à présent le choix :  m’effondrer psychologiquement et définitivement, ou m’entraîner plus dur. Je choisis ce juste milieu : m’effondrer durant un temps indéterminé.

Je comptais innocemment déposer dans la boîte aux lettres extérieure de la banque, comme à mon habitude, plusieurs chèques préalablement glissés dans une enveloppe. Or il faut désormais insérer sa carte bancaire puis faire glisser les chèques un à un selon une orientation très précise. Je crois d’abord à une erreur. Je pénètre dans l’agence, où un employé me dit : Il faut remettre les chèques un à un à présent, ce que je sais pertinemment, puisque c’est la raison pour laquelle je suis venu le trouver. C’est tout juste s’il n’ajoute pas : Selon une orientation très précise. Je lui réponds, agacé : Ah oui ? Mais comment donc font les commerçants, par exemple, s’ils ont plusieurs chèques à déposer ? Ils ne peuvent tout de même pas y passer la journée ! Il ne se démonte pas : Ils ont des bordereaux spéciaux. Jah, que d’inégalités sur cette terre ! Faute de bordereaux spéciaux, me voici de retour devant l’automate à faire glisser mes chèques un à un dans la fente, non sans avoir, après chacun d’entre eux, cliqué du doigt sur : Je veux déposer un autre chèque. Les gens soufflent d’impatience dans mon dos. Mon malaise ne se dissipe qu’après avoir inséré le dernier chèque : en effet, l’automate me crache alors en guise de preuve de dépôt une sorte de photographie de tous les chèques que j’ai déposés, parfaitement alignés sur une même feuille : je suis émerveillé. 

Fatigué et déprimé ; allongé sur mon lit, je regarde le ciel au travers du vasistas. J’ai peur des xénogreffes ; cette angoisse remonte au visionnage, lorsque j’étais tout jeune homme, du film L’île du docteur Moreau. S’y ajoutent à présent des considérations philosophiques, éthiques et même juridiques. Je crains que l’homme ne franchisse là une limite qu’il n’est pas autorisé à franchir. Jah, les Martiens : quelqu’un a bien dû interdire cela. Un foie porcin dans le corps d’un homme. Des cellules de requin, de hamster, de lapin, dans le corps d’un homme. Qui sait si un fou dans son garage ne promet pas déjà des embryons enrichis ? On fait bien des chats hypoallergéniques ou des lapins fluorescents. Quid des mutations génétiques dans la lignée de ces individus trafiqués dont on ne saurait du reste dire s’ils sont humains ou s’ils appartiennent à une autre espèce par nous créee — et si oui, laquelle, me dis-je. En fin d’après-midi j’ai un tel besoin de me changer les idées que j’invite Barbara à prendre un thé à la menthe sur la place. Je lui dis tout cela ; elle sirote calmement son thé avec un air insouciant. J’ai envie de me lever pour hurler : Le transhumanisme est un eugénisme, comme une augmentation de la pensée de ce gros bigleux de Sartre, et de m’enfuir en courant ; mais je n’ai pas fini mon thé à la menthe. 

1535 : Jacques Cartier et ses compagnons débarquent non loin du village iroquoien* d’Hochelaga. Ils se rendent à pied jusqu’à cette jolie bourgade entourée de montagnes et de terres cultivées. Une montagne en particulier attire son attention ; comme tout microbe civilisationnel, il se presse de lui donner un nom, comme si elle n’avait pas un déjà : Nous nommasmes icelle montaigne le Mont Royal. Les iroquoiens, très courtois, les y mènent d’ailleurs à dos d’homme, selon leur coutume. Pour m’être rendu à Montréal je puis affirmer que cette aimable coutume s’est perdue dans la nuit des temps. Par ailleurs, il me semble important de noter que Barbara est née au pied du Mont-Royal.

* Les iroquoiens du Saint-Laurent et les Iroquois qui sont les méchants avec la crête dans les films de cow-boy sont deux nations amérindiennes différentes.

3 octobre

Judith et Sasha marchent en frappant le sol du talon plutôt que de poser simplement le pied. Je ne saurais évidemment leur reprocher de n’avoir point hérité de ma démarche élégante et silencieuse, la relation qui nous unit n’étant pas génétique. Je demeure surpris, cependant, que toutes ces années à me regarder évoluer gracieusement depuis leur plus tendre enfance n’aient servi de rien à cet égard. 

Mon père m’apprend que ma mère a de nouveau été hospitalisée ; on soupçonne une insuffisance hépatique. Nouveau séjour d’une durée indéterminée au service de gériatrie aïgue, au milieu de compagnons d’infortune échoués là comme du bois flotté sans comprendre, souvent, où ils sont, et près d’oublier d’où ils viennent, ignorants les uns des autres, incapables de se souvenir s’ils ont dîné, mais ressassant pourtant en boucle et pour eux seuls leurs souvenirs d’enfance.

« Parfois aussi peut-on éprouver, de loin, un élan de gratitude, après tout, envers ces fossiles vivants du vieux XXe siècle aux rues pavées et ses campagnes encore néolithiques, ses paquebots de lignes maritimes, dont les propres parents connurent enfants le XIXe siècle, l’Exposition de 1900 inaugurant l’ère nouvelle et grandiose ; maintenant relégués en résidence de suivi médical, en couloirs de gériatrie où les visitera un jour l’unité mobile de soins palliatifs ; d’être encore là tout délabrés, obsolètes et confus qu’ils soient ; de ce que possiblement, du seul fait de leur présence résiduelle et si nombreuse, ils composent sans le savoir une protection magique, qu’ils sont des reliques précisément apotropaïques à ralentir, à retenir encore un peu, à suspendre encore provisoirement le cours désastreux qui doit tout emporter. On voudrait dans ces moments imaginatifs pouvoir se téléporter à l’instant auprès d’eux, garnir leur chevet d’un bouquet de fleurs et s’asseoir écouter leurs divagations, s’en laisser bercer sans impatience alors, prendre entre nos mains leurs fines mains flétries, leur murmurer des encouragements, les conjurer intérieurement de ne pas nous laisser seuls dans ce monde d’épouvante* ». 

Mon père m’apprend également que l’affaire des toilettes a connu un terme**. Le problème trouvait son origine dans un bouchon qui s’était formé au sein d’une canalisation dont la responsabilité de l’entretien était partagée entre lui et la municipalité, fonction de la situation exacte dudit bouchon. En l’espèce, elle lui revenait ; il lui appartenait donc de recourir à ses frais aux services d’un sous-traitant, lequel ne pouvait intervenir avant plusieurs semaines. J’ai réussi à lui faire pitié et il est venu le lendemain, me dit-il fièrement. Il envisage à présent la pose d’une clôture électrique pour dissuader les sangliers de venir déranger son jardin. Je lui propose alors mon aide, qu’il décline poliment après un silence lourd de signification.  

Irrité par la promotion permanente des éternels même auteurs par des journalistes sans curiosité, sans courage, sans fantaisie, ou peut-être les trois à la fois. 

Mes cheveux et ma barbe continuent de pousser. Barbara m’appelle successivement Vesse de loup, Hiroshima et finit même par me montrer l’image d’un ami du héros de littérature jeunesse Oui-Oui dont elle affirme sans souci de vraisemblance qu’il me ressemble : il s’agit d’un vieux nain barbu aux cheveux blancs épars — un certain Potiron.

2005 : Mort de Guillaume Dustan. Je me souviens de ses passages à la télévision au début du siècle. Il portait une barbe et une perruque blonde. Il avait l’air si intelligent, et si désespéré. J’avais lu un de ses livres, une histoire d’amour avec un homme, où il était beaucoup questions de fist-fucking. Je n’ai pas lu ses autres livres, mais, peut-être à cause de sa fragilité particulière, de son histoire, je le range au nombre des écrivains homosexuels que j’apprécie : Hervé Guibert, Pascal Sevran, André Gide, Marcel Jouhandeau, Maurice Sachs, Marcel Proust, Renaud Camus et d’autres certainement que j’oublie ou dont je ne connais pas les moeurs.

* Baudouin de Bodinat — Au fond de la couche gazeuse.
** Voir un envoi précédent.

4 octobre

Je fais part à Barbara, après ma toilette matinale, des changements que j’ai constatés depuis que j’ai adopté la pratique dite du low poo* dont parlent sur leurs blogues de séduisantes sylphides numériques : texture capillaire plus soyeuse, absence de démangeaisons du cuir chevelu, meilleure coiffabilité si je puis employer ce terme en ce moment pour ce qui me concerne. 

Je tombe sur ce commentaire laissé sur un site de vente en ligne par une certaine joret sophie sous le tome 2 de L’obsolescence de l’homme, du philosophe Günther Anders : 

« NUL!!!! J’avais lu monsanto que j’avais bien aimé. c’était vivant!!!
La, bien que je m’accroche, je m’ennuis a mourir de lire ce type qui j’ai l’impression doit adorer le son de sa voix. Ou tout au moins ne conçois que les autres puisse avoir raison que si il sont de son avis. »

Ceci me paraît constituer la parfaite illustration, la démonstration par l’absurde même, de l’impasse que constituent la parole donnée à chacun sur tout sujet, l’égale considération des opinions, au prétexte d’une prétendue nécessaire extension de la notion de démocratie à tous les domaines de l’existence.  

Voici peut-être l’un des passages qui auront provoqué la colère de joret sophie : 

« Bien qu’il soit plus borné que ses produits, l’homme est beaucoup plus vulnérable et périssable qu’eux. En tout cas, il ne lui vient pas à l’idée d’entrer en concurrence avec la longévité, pour ne pas dire l' »immortalité », qu’il peut, quand il le souhaite, conférer à ses produits. Bien sûr nos produits ne sont pas à proprement parler « immortels » : la durée de conservation de nos fruits en boîte, des œufs brouillés que nous mettons au réfrigérateur, la durée de vie de nos microsillons « longue durée » ou de nos ampoules électriques est, elle aussi, limitée. Mais dans la plupart des cas, c’est nous, les hommes qui les avons rendus mortels, qui avons calculé et dosé leur durée de vie (pour pouvoir, par exemple, assurer la stabilité des ventes ou les développer). La seule chose qui ne soit pas notre œuvre, c’est notre propre mortalité. Elle seule n’est pas calculée. C’est pour cela qu’elle constitue un motif de honte. »

Ou bien : 

« Je ne sais pas si l’on a déjà cloné des gènes humains. Mais, comme nous savons que l’impératif actuel est : « Ce qu’on peut faire, on doit le faire », ou : « Ce qui est faisable est obligatoire », ce qui n’est pour l’instant encore qu’une possibilité est déjà là aujourd’hui, comme un présage qui nous coupe le souffle. »

À moins que :

« Maintenant, ils sont assis à des millions d’exemplaires, séparés mais pourtant identiques, enfermés dans leurs cages tels des ermites – non pas pour fuir le monde, mais plutôt pour ne jamais, jamais manquer la moindre bribe du monde en effigie. »

Visionné le film La machine à remonter le temps tiré du roman de Wells, et non pas d’Orwell ainsi que dramatiquement et sottement indiqué dans le précédent envoi, provoquant ainsi la colère légitime de plusieurs abonnés. Une question reste en suspens : où donc va le cigare que l’inventeur place dans la machine miniature au début du film ? Ce modèle réduit n’étant pas équipé d’un compteur, contrairement à la véritable machine, ceci est laissé à l’imagination du spectateur. Je frémis à l’idée de la panique que pourrait déclencher sa matérialisation au beau milieu d’une assemblée contemporaine de vapoteurs dégustant leurs arômes de fraise, chocolat ou tutti-frutti.  

Judith, évoquant ses plus lointains souvenirs, me raconte ce jour où je la portai, comme souvent et pour son plus grand plaisir, comme un sac à patates ; cette fois pourtant elle n’avait pas ri, manquant de perdre connaissance sous l’effet de la compression de sa petite poitrine contre ma large épaule, mais n’en disant rien tant elle ne voulait pas marcher. Elle n’a en revanche aucun souvenir d’avoir un jour mangé les croquettes du chat dans la cuisine.
 
Antoine le Parfait propose à Barbara un échange de cerveau à cerveau ou autre. Ou autre. Cet homme est fou ; peut-être devrais-je le provoquer en duel : Antoine le Parfait ? C’est Francis l’imparfait à l’appareil. Rendez-vous sur les quais au point du jour pour un combat pieds-poings au premier sang — présomptueux et dangereux de lui laisser le choix des armes étant donné sa maîtrise du Tai chi.  

1582 : Rattrapage du décalage grégorien. On supprime dix jours du calendrier ce qui permet de rattraper d’un coup le retard croissant pris par l’ancien calendrier julien sur les dates des équinoxes depuis 12 siècles ; il permet également de retrouver la concordance entre l’équinoxe de printemps et le 21 mars calendaire. En d’autres termes, le lendemain du 4 octobre 1582 fut le 15 octobre 1582. De quoi faire vaciller le plus solide des esprits, mais certainement pas celui de Montaigne qui écrit au chapitre 11 du Livre III des Essais : 

«  Il y a deux ou trois ans qu’on acoursit l’an de dix jours en France. Combien de changemens devoient suyvre cette reformation ! Ce fut proprement remuer le ciel et la terre à la fois. Ce neantmoins, il n’est rien qui bouge de sa place : mes voisins trouvent l’heure de leurs semences, de leur recolte, l’opportunité de leurs negoces, les jours nuisibles et propices, au mesme point justement où ils les avoyent assignez de tout temps. »

Par ailleurs : journée mondiale des animaux. Quel réconfort pour les trois millions d’animaux abattus dans le pays pour leur chair, aujourd’hui comme les autres jours, d’entendre leur bourreau leur glisser tendrement à l’oreille avant de leur percer le cerveau** : C’est ta journée mon petit, profites-en bien. 

* Le low poo que l’on pourrait traduire en français par « coiffure à bas pouls » ou plus élégamment « coiffure à basse fréquence » consiste à espacer de façon significative le lavage de ses cheveux ; le reste du temps, on les rincera avec application à l’eau tiède. Cette explication sommaire ne saurait évidemment rendre compte de toutes les nuances d’une pratique riche, documentée, et sujette à débat entre spécialistes. 

** Hors égorgement rituel. 

5 octobre

À nouveau ce cauchemar que je fais souvent : je dispute une partie de football lorsque soudain j’ai le plus grand mal à me déplacer. Un immense sentiment de fatigue m’envahit jusqu’à ce que mes jambes, ne pouvant plus me porter, se dérobent sous moi. Je tombe alors au sol sur lequel j’essaie de ramper, mais même cela m’est difficile. Autour de moi la partie continue normalement bien que le ballon soit crevé lui aussi. 

Au supermarché, une femme demande son aide à la caissière au motif qu’elle ne peut se saisir elle-même des marchandises sur le tapis de caisse pour remplir son panier. Je  prend mon mal en patience car je songe que cette femme souffre peut-être d’une paralysie générale des membres supérieurs ;  il se trouve pourtant que si elle se plaint, en effet, d’une légère douleur à la main gauche, la droite demeure parfaitement fonctionnelle. Le vigile, appelé à la rescousse par la caissière qui doit regagner son poste, semble penser la même chose que moi : la femme souffre en réalité d’une maladie mentale. 

1975 : Jean-Paul Ledant découvre une nouvelle espèce d’oiseau : la Sittelle kabyle, ou Sittelle de Ledant. La nouvelle fait le tour du monde. Vingts années plus tard, La Sittelle est tellement menacée par les incendies, l’érosion et les activités humaines qu’elle est considérée comme en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Rien que de très normal en somme*. J’étais par ailleurs de si joyeuse humeur ce matin, malgré la fatigue consécutive à mon terrible cauchemar, que je sifflotais moi-même dans la cuisine ; il y a fort à parier que si un ornithologue avait entendu mon chant, il aurait cru avoir lui aussi découvert une nouvelle espèce : le Sifflotin. 

* En mars dernier le Muséum d’histoire naturelle et le CNRS, évoquant les résultats de leur suivi des oiseaux sur le territoire français, notaient une disparition massive proche de la catastrophe écologique et des populations réduites d’un tiers en quinze ans. 

6 octobre

J’ai ce matin croisé mon ami de chien, José, accompagné de son compagnon, le beagle Watson. Il m’apprend que le parc où s’ébattent ensemble les chiens est enfin ré-ouvert par la municipalité ; nous nous y rendons de concert en parlant du temps qu’il fait. Magali nous rejoint, gainée de noir des pieds à la tête, telle Catwoman l’héroïne des adulescents. Arrive enfin un homme dont je ne connais toujours pas le prénom, qui parle souvent de son travail et du réseau Linkedin, accompagné de son chien asiatique à la face mangée de plis. Comme à l’accoutumée mon chien, probablement raciste, se met à aboyer furieusement après le sien, précipitant mon départ. Ou peut-être est-ce simplement de ne pouvoir lire le regard du chien asiatique enfoui sous les plis qui rend mon chien furieux ; ce n’est à ce stade qu’une théorie, bien entendu. 

En route pour la petite maison dans la forêt. À la station service, un homme achète un saucisson de deux mètres de long : je me demande combien d’individus porcins furent agglomérés pour le composer. Au moment de quitter la route pour pénétrer dans la forêt, nous avisons un petit chien qui prend peur en voyant notre véhicule et s’enfuit en bondissant. Dans la maison, j’ai la satisfaction de ne pas trouver le cadavre du loir que j’avais tant bien que mal tenté de sauver lors de mon dernier séjour. Il était vivant lorsque j’avais quitté la maison, laissant la fenêtre ouverte au cas où. Peut-être l’est-il toujours, ou peut-être a-t-il préféré se traîner dehors pour mourir à l’air libre. Nous partons pour une balade en forêt durant laquelle je constate combien la truffe du chien s’agite différemment d’en ville : la voici dansant le jerk comme dotée d’une vie propre, captant dans l’air des centaines d’odeurs de nous insoupçonnées. La promenade est écourtée comme souvent par des coups de feu tirés à proximité. Nous apercevons de nouveau le petit chien qui nous regarde de loin et ne se laisse toujours pas approcher. Barbara me parle de nouveau de remonter la clôture ; je fais comme si je n’entendais pas. Par flemme, bien entendu, mais aussi parce que clôturer le jardin serait le limiter à sa superficie cadastrale au lieu de quoi j’ai présentement pour fief toute la forêt. 

Il est temps de se rendre au supermarché pour y acheter croquettes, eau et tupperwares afin d’amadouer le petit chien égaré et le mener chez le vétérinaire pour identification. Je préviens d’ores et déjà Barbara : Ce petit chien est si mignon que s’il n’est pas électroniquement marqué, je le garde. Au rayon presse, une femme âgée me dit : Les Ici Paris sont ceux de la semaine dernière ;  c’est pourtant pas les autres magazines qui manquent ils arrêtent pas d’en rajouter. Je vais aller chez Hyper U et puis c’est tout, là-bas ils ont les Ici Paris au moins. Elle me confie cela sur un ton entendu, presque complice, comme si elle avait reconnu en moi un pair, un partenaire de bridge ou de loto, un membre du club senior. Je paye mes croquettes bio, mon eau et mes tupperwares en méditant sur la versatilité des consommateurs. 

Le petit chien s’enfuit de nouveau à la vue de la voiture. Nous en descendons pour installer deux tupperwares remplis respectivement d’eau et de croquettes bio, et nous éloignons un peu. Le petit chien s’approche prudemment, mais se refuse à effectuer les derniers mètres tant que nous serons dans son champ visuel. Nous regagnons donc la maison afin qu’il se sustente en toute quiétude. Un peu plus tard nous revenons le trouver : j’agite le paquet de croquettes bio tandis que Barbara tente de le prendre à revers. Il fait quelques pas vers moi puis repart en trottant. Quelques pas vers moi, puis retrotte, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il avise Barbara et s’enfuie au loin dans un chemin. Ce petit chien est un satané petit trouillard. Nous nous asseyons donc dans le chemin à distance raisonnable et misons sur une stratégie d’attente. Il nous regarde depuis l’entrée d’un chemin perpendiculaire en bord de route. Soudain un pick-up de type militaire qui roulait à vive allure freine dans un long grincement et fait marche arrière. Le conducteur a vu le petit chien fuyant. Il sort du véhicule habillé comme un soldat et appelle le petit chien avec autorité et force gestes ; ce dernier s’approche craintivement, mais enfin il s’approche. L’homme nous apprend qu’un de ses amis, un tueur lui aussi, a perdu ce petit chien le matin même ;  s’il ne venait pas vers nous c’est que nous ne l’appelions pas comme il faut. Il fallait procéder avec autorité et être vêtu de kaki, car c’est ainsi qu’il fut éduqué. L’homme se saisit du petit chien sans ménagement puis le tient dans ses bras. Barbara lui gratte la tête et lui donne une croquette bio avec un mot gentil, mais il détourne la tête — je parle évidemment du chien. L’homme et le chien repartent dans un crissement de pneus ; Barbara et moi échangeons un regard et savons que nous pensons la même chose : Le diable emporte ce petit chien débile, ingrat et snob. C’est avec joie que nous retrouvons notre demi-clochard de chien affectueux, heureux de vivre, et que nous lui donnons le reste de croquettes bio tandis qu’il danse en rond du bonheur de nous revoir. 

Lecture au coin du feu à la lueur d’une lampe à huile ; je tombe précisément sur ce passage de circonstance qui me fait reposer ma tasse fumante de café équitable : 

« Et ainsi la maison sans électricité ni téléphone dans la campagne même la mieux périclitante et dépeuplée et retournée à la friche qu’on trouverait sous les arbres, ne serait pas, avec son jardin que peuple une « petite gent ailée », dont le chant, qui est une manifestation d’allégresse et une sorte de rire, nous charmerait de sa vivacité ; ne serait plus maintenant un dehors à la société organisée ; ne serait pas un tranquille séjour, une thébaïde, une solitude écartée du monde ; mais toujours séquestrée par son réseau logistique, surveillée par ses ordinateurs administratifs qui apprennent tout et n’oublient rien, précisément cartographiée par les satellites-espions à haute résolution qui déchiffrent le titre du livre laissé sur la chaise longue (Le parfait pêcheur à la ligne) ; dont l’apparent silence loin du survoltage des conglomérats urbains y vibrerait pourtant de signaux électro-magnétiques troublant nos organes d’une impalpable électricité comme des appareils sous tension, et même dans la paix nocturne des vieux murs ce grésillement inaudible d’ondes radio dans l’air ambiant dérangerait notre principe sensible quand on voudrait lire ou réfléchir, ou ne rien faire ; mais là encore sous des pluies chargées de pesticides, où les radio-éléments se déposent en rosée matinale ainsi qu’ailleurs, où il faut un engin à moteur pour aller se ravitailler au magasin géant. C’est par définition : une société totale ne laisse aucune issue*. ». 

Lorsque la nuit est tombée, je propose à Barbara d’aller contempler les étoiles en nous habillement chaudement pour nous protéger de la pluie, surtout après ce que je viens de lire. Elle me regarde, interloquée, apparemment attendrie, puis me dit : Mais il pleut ; quand il pleut, il y a des nuages. On ne peut pas profiter en même temps de la pluie et des étoiles, tu comprends ? Ma foi, c’est vrai. La peste soit des contingences de ce monde. 

Lecture de la Montagne magique dans la chambre : Joachim est mort. Je m’endors tristement en pensant à Hans Castorp demeuré seul là-haut.

1789 : Le bon roi Louis XVI, Marie-Antoinette et leurs enfants quittent Versailles pour les Tuileries à Paris sous la contrainte. 

* Baudouin de Bodinat — La vie sur terre ; réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes.

7 octobre

La pluie n’a pas cessé depuis hier. Le chien refuse de sortir car il ne supporte pas d’être mouillé. Il se poste donc sur le perron et me regarde en pleurant comme si j’étais un méchant sorcier se refusant à faire cesser la pluie juste pour l’embêter. Puis il devient véritablement insupportable, posant sa patte sur mon livre en couinant ou me secouant son dragon en peluche sous le nez.

Je continue ma lecture tant bien que mal ; je m’interromps régulièrement pour attiser le feu. Ce temps consacré à jouer du soufflet ou du tison me permet de méditer sur ce que je viens de lire, de l’intégrer morceau par morceau ; il est des lectures qui ne peuvent se faire qu’au coin d’un feu. La lumière qui pénètre par la fenêtre est belle et diffuse, comme souvent les jours de pluie ; elle se prête merveilleusement au portrait photographique, aussi en réalise-je plusieurs de Barbara. Je sors uriner sous le regard envieux du chien, pour tomber sur un véhicule de chasse, presque de guerre avec sa tôle épaisse et ses pare-chocs démesurés, et pourtant étonnement silencieux, qui passe devant la maison ; une dépouille d’animal est accrochée à grille arrière du coffre qui laisse apercevoir un chien écumant et vociférant. Je pense aussitôt à ce renard démembré, déchiqueté, dont quelques chasseurs ricanants ont récemment éparpillé les morceaux devant le domicile du président d’une association de défense de la faune sauvage. 

Sur le chemin du retour nous dînons, au coeur du Périgord, dans une friterie belge où nous avons pris nos habitudes ; la tenancière me décourage à nouveau de choisir la grande portion au motif qu’elle serait vraiment grande. Or, comme toujours, j’ai encore faim après avoir terminé ma moyenne portion et je maudis cette faiblesse de caractère qui, encore une fois, m’a conduit à ne pas m’affirmer en disant par exemple  : Cette grande portion de frites ne me fait pas peur. Et d’ailleurs, sur quoi se base-t-elle pour distinguer les élus qui peuvent choisir la grande portion de frites de ceux qui ne le peuvent pas ? Tout ceci n’a aucun sens, sans parler de la liberté individuelle. Dans la voiture je demande à Barbara de rouler doucement pour prévenir tout risque d’aquaplaning.

Le soir je peine à m’endormir car je pense à la fin du monde. Jah pardonne-moi : ce n’est pas pour moi que je tremble, mais pour tous ceux qui viendront juste avant la fin ; et pour tous les êtres que nous n’avons pas encore exterminés et que nous entraînons dans notre chute. Le souffle régulier de Barbara finit par m’apaiser. Je la regarde dormir paisiblement et je me souviens  : 

« Que c’est justement dans cette atmosphère d’Autant en emporte le vent sur fond d’incendies planétaires et dans l’attente de la banqueroute générale qui doit se produire dans très peu de temps, où la peur s’affole de n’avoir nulle part où se cacher, que chaque instant peut prendre, ainsi détaché, cet éclat admirable, d’un sentiment si vif, complexe, presque douloureux ; et que c’est justement dans cette précipitation des circonstances, et l’écroulement de toutes les régularités et conventions de la vie sociale, dans ce trouble universel, que la civilisation se réfugie au fond de ces solitudes à deux, que l’amour recueille ce dont l’affolement et la fièvre ne veulent plus : la confiance, le calme, la délicatesse, la civilité, l’amitié, le rire et l’intelligence réciproque ; qu’on y entend parler encore la douce langue natale. 
[…]
Et j’ai pensé que chacun après tout pourra sans trop attendre, là où nous allons, pourra de son vivant connaître la sorte de sensation que c’est de prononcer alors Ma chérie… ; si cela fait ou non une différence avec les jours de maintenant, s’il s’en souvient, quand ils seront devenus le monde d’avant* ». 

1900 : Naissance de Heinrich Himmler. C’est sa mort peu glorieuse, surtout, qui retient l’attention : il s’empoisonne lâchement après avoir été reconnu sous son déguisement de soldat démobilisé. Une fille illégitime lui naît le le jour de l’attentat manqué contre Hitler. Sa fille légitime, elle, pense toujours que son papa est le plus fort. Le fils de Mengele a jugé préférable de changer de nom ; la nièce de Göring a fait ligaturer ses trompes par peur d’engendrer un monstre. Il y aurait, je crois, quelque chose à faire en matière de constellations familiales ou de psychogénéalogie avec les enfants de nazi.

* La vie sur terre. Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes. Baudouin de Bodinat.

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